Ci-dessous des extraits
d'une interview du journaliste koweïtien Fouad Al-Hashem, diffusée
sur Al-Arabiya (Arabie saoudite/Dubaï) le 25 septembre 2009 :
Présentateur :
Je voudrais d'abord évoquer un article provocateur que vous avez écrit
lors de la Guerre de Gaza, ayant pour titre "Servez-vous d'armes
chimiques, Olmert." Dans cet article de décembre 2008, vous appeliez
Olmert à maltraiter davantage la population de Gaza, vous servant du
fameux slogan : "Servez-vous d'armes chimiques, Olmert." Croyez-vous
à ce slogan ?
Fouad Al-Hashem :
Ce n'est pas mon slogan. C'est (la paraphrase) d'un slogan utilisé
par les Palestiniens eux-mêmes à l'époque de l'invasion du Koweït
par l'Irak, où des missiles tombaient sur Riyad, Khobar et le Koweït
lui-même. C'est eux qui ont créé ce slogan...
Présentateur :
Les missiles ne tombaient pas sur le Koweït, vu qu'il était occupé...
Fouad Al-Hashem :
C'est juste. Au lieu de se solidariser de (la ville saoudienne) de Dammam,
qui a aussi subi l'invasion irakienne par la suite, ils scandaient ("Servez-vous
d'armes chimiques, Saddam, du Koweït à Al-Dammam"). Je voulais
juste voir quel effet ça leur ferait, comment ils réagiraient, si
quelqu'un émettait un slogan du même type.
Présentateur :
Mais vous n'adhérez pas à ce slogan.
Fouad Al-Hashem :
Je n'ai pas le contrôle du déclencheur de l'arme nucléaire israélienne
; je n'ai jamais prétendu l'avoir. C'est Olmert qui l'a.
Présentateur :
C'est vrai, mais en tant que journaliste, vous exprimez vos opinions.
Espériez-vous qu'Olmert...
Fouad Al-Hashem
: Non, je voulais juste leur faire goûter leur propre médicament.
Présentateur :
Au cours de cette même guerre, vous avez évoqué le meurtre de Nizar
Rayan, l'un des chefs du Hamas. C'était aussi un article provocateur
car vous parliez de lutte "entre huit cuisses". Vous avez
été critiqué suite à cet article.
Fouad Al-Hashem :
Oui, fortement critiqué.
Présentateur :
Vous ne regrettez pas ce que vous avez écrit ?
Fouad Al-Hashem :
Non. Mes détracteurs devraient se poser une question. En temps de guerre,
alors qu'Israël tue des combattants dans les rues de Gaza, que fait
un dirigeant chez lui ? Il se trouvait avec ses femmes quand il a été
tué. Que fait un combattant, en temps de guerre...
Présentateur :
Peut-être qu'il élaborait une stratégie...
Fouad Al-Hashem :
Elaborer une stratégie entre huit cuisses ne sied pas aux révolutionnaires.
Dans toutes les révolutions de l'histoire, la révolution cubaine,
la révolution bolivienne...
Présentateur :
Ne pensez-vous pas que quand quelqu'un est abattu par les armes de l'occupation
israélienne, il est inconvenant pour un journaliste de parler de cuisses
?
Fouad
Al-Hashem : C'est lui qui a épousé huit...
Présentateur :
quatre femmes.
Fouad Al-Hashem :
Quatre femmes, ça fait bien huit cuisses. Le compte est bon. Je n'ai
fait que traduire le nombre de femmes en cuisses.
Présentateur :
Vous ne trouvez pas que vous avez été insultant ?
Fouad Al-Hashem :
J'aurais aimé qu'ils nous insultent de façon aussi triviale lors de
l'invasion irakienne du Koweït, nous accusant de quelque chose ou protestant
contre quelque chose. Mais ils ont soutenu l'invasion irakienne, et
cela, nous ne l'oublierons jamais.
[...]
Le journal Al-Watan emploie
de nombreux Palestiniens. Et j'en aide plusieurs.
Présentateur :
Vous les aidez personnellement ?
Fouad Al-Hashem :
Oui, et je les aide à payer la scolarité de leurs enfants. Ce sont
de pauvres gens. Ils sont victimes de leurs dirigeants et de leur régime
qui les ont jetés en pleine nature. Regardez quel prix les Palestiniens
ont payé pour la position du défunt Arafat sur le Koweït. Voyez ce
qui est arrivé aux Palestiniens dans le Golfe.
Présentateur :
Ne pensez-vous pas qu'il est injuste de faire peser sur tout un peuple
les fautes de ses dirigeants ?
Fouad Al-Hashem :
Si vous parlez des Palestiniens à travers le monde, c'était vraiment
moins problématique. Mais ceux qui vivent en Palestine, sous l'occupation,
ont apporté le plus grand soutien à Saddam Hussein. A chaque fois
que des Koweïtiens se plaignent de l'invasion irakienne, je leur rappelle
que cette invasion a aussi eu des aspects positifs.
Présentateur :
Quels aspects positifs ?
Fouad Al-Hashem :
450 000 Palestiniens vivaient au Koweït à cette époque, et voilà
que soudain, ils se retournent contre nous. Seuls deux Palestiniens
ont rejoint la résistance koweïtienne. C'est étrange qu'ils n'aient
été que deux sur 450 000 à nous soutenir. L'un des aspects positifs
de cette invasion est que les Palestiniens sont partis parce que le
dinar a perdu sa valeur, ne valant plus le papier sur lequel il était
imprimé, et ils avaient tous des enfants à l'étranger.
Présentateur :
Mais presque tous les Koweïtiens sont également partis. Il n'en est
resté que quelques centaines. Comment pouvez-vous vous plaindre que
les Palestiniens soient partis, quand les Koweïtiens ont fait de même
?
Fouad Al-Hashem :
Au contraire, je pense que Saddam Hussein nous a fait une faveur. Ces
450 000 Palestiniens au Koweït étaient une bombe à retardement.
[...]
Présentateur :
Combien de procès vous a-t-on intenté ?
Fouad Al-Hashem :
Ces trente dernières années, plus de 230. J'ai été poursuivi par
des pays et des gouvernements, dernièrement encore par le Premier ministre
qatari Hamad Ben Jassem, ainsi que par Kadhafi.
Présentateur :
Etes-vous interdit d'entrée dans plusieurs pays arabes ?
Fouad Al-Hashem :
Un haut responsable koweïtien m'a une fois dit que non seulement je
ne peux pas entrer dans les pays arabes, mais que je ne peux même pas
les survoler.
Présentateur
: Vous n'avez pas le droit d'entrer dans les pays arabes ?
Fouad Al-Hashem :
Si, mais j'évite de le faire. Ce n'est pas le genre de pays qu'on pleure
de ne pas pouvoir visiter. Ca me dérangerait de ne pas pouvoir me rendre
en Suisse, mais les pays du Tiers-Monde ne m'intéressent pas.
[...]
Concernant l'idéologie religieuse,
vous avez le régime théocratique d'Iran, les groupes qui gouvernent
en Somalie et en Mauritanie, qui est devenue un pays islamique.
Présentateur :
Il existe un courant religieux au Koweït également.
Fouad Al-Hashem :
Un courant ? C'est un tsunami, un raz de marée !
Présentateur :
Cela vous irrite que les Koweïtiens soient religieux ?
Fouad Al-Hashem :
Non, ce qui m'irrite, c'est le commerce de la religion. Les Koweïtiens
ont toujours été religieux. Ma grand-mère priait cinq fois par jour,
sans jamais avoir lu A l'ombre du Coran de Sayed Qoutb. Aujourd'hui,
ils font tellement de philosophie que la prière, c'est devenu comme
le Coca-Cola ou le McDonalds.
[...]
Présentateur :
Vous combattez les islamistes mais les chanteuses sont les bienvenues.
Vous évoquez souvent (la chanteuse libanaise) Haifa Wehbe dans vos
écrits. Vous écrivez : "Ô Allah ! Nancy Ajram-isez nos femmes
!"
Fouad Al-Hashem :
Nancy Ajram-isez les et Elissa-isez les aussi ! Pour qu'elles soient
comme (la chanteuse libanaise) Elissa.
Présentateur :
Donc vous combattez les religieux, mais les chanteuses sont les bienvenues.
Fouad Al-Hashem :
Serait-ce mieux si je disais "Ô Allah, Ben Laden-isez nos femmes"
? Vaut-il mieux qu'elles lui ressemblent, ou aux belles femmes que vous
nous montrez sur MBC et Al-Arabiya, comme ces présentatrices que j'ai
vues ici, dans les studios d'Al-Arabiya ?
Présentateur :
Vous pensez que c'est juste une question de beauté ?
Fouad Al-Hashem :
L'apparence n'est pas tout, mais je n'ai pas de temps pour le fond.
Laissons nos yeux se réjouir de leur apparence, (pour changer) des
éternels cheikhs chantants, des cheikhs du terrorisme, des cheikhs
à fatwas...
Présentateur :
Ca vous pose un problème que les cheikhs chantent des chants islamiques
?
Fouad Al-Hashem :
Oui.
Présentateur :
Pourquoi ? Ils ne soutiennent pas le terrorisme ; ils appellent à la
paix. Qu'ils chantent ! Où est le problème ?
Fouad Al-Hashem :
Qu'est-ce que la religion a à voir avec la chanson ? Pourquoi ne chanteraient-ils
pas comme Amr Diab ?
Présentateur :
Qu'est-ce que cela peut bien vous faire ? Vous avez 500 chaînes à
votre disposition. Vous n'êtes pas obligé de regarder celle-la !
Fouad Al-Hashem
: Quand j'étais enfant, il y a quarante ans, il n'y avait pas, à notre
connaissance, de cheikhs chantants ! Mais aujourd'hui, c'est une affaire
lucrative : chaque cheikh chantant a sa propre chaîne télé.
Présentateur :
Autrefois, on écrivait aussi sans être rémunéré. Le monde s'est
développé.
Fouad Al-Hashem :
Je ne suis pas prêt à regarder un barbu chanter des chants religieux.
[...]
Présentateur :
Le 1er septembre 2009, vous écriviez un article sur le derrière
piégé des moudjahidine. Vous écriviez : "La technique
inventée par Al-Qaïda pour fourrer des explosifs dans le postérieur
des moudjahidine n'est pas nouvelle. La nouveauté est qu'ils
fourrent un récepteur avec les explosifs afin de pouvoir faire sauter
à distance le postérieur des moudjahidine, par un simple appel.
Cette nouvelle tactique est dangereuse, non seulement pour l'Arabie
saoudite et les Etats du Golfe pris pour cibles, mais pour toutes les
agences de sécurité au monde, ainsi que pour les compagnies aériennes."
Vous pensez que c'est une tactique dangereuse ?
Fouad Al-Hashem :
Absolument. Parce qu'un Anglais a une fois piégé sa chaussure, nous
devons tous ôter nos chaussures (à l'aéroport). Avec une pareille
tactique terroriste, qu'est-ce qu'ils vont nous faire, à nous passagers
Arabes et musulmans ? Ces terroristes vont nous mettre à poil et nous
placer dans un embarras sans fin !
Présentateur :
Merci beaucoup. (rires)
Fouad Al-Hashem :
Allez-vous garder ce rire ou le couper au montage ?
Présentateur : Nous n'allons rien couper. Merci beaucoup, chers téléspectateurs, et à bientôt sur notre prochaine émission ! Je suis Turki Al-Dakhil. Au revoir et qu'Allah vous bénisse !