Ci-dessous des extraits d'une interview de l'intellectuel égyptien Tareq Heggy, diffusée sur ON TV (Egypte) le 14 octobre 2009 :
Tareq Heggy : Je pense que la religion est une chose sacrée, mais cela reste une religion. Point final. Ce n'est pas un système politique, économique ou culturel. Elle peut conduire le peuple à la catastrophe. Les Etats théocratiques dans le monde n'ont jamais apporté quoi que ce soit. Regardez la tension qui oppose l'Iran au reste du monde. Tous les voisins de l'Iran le craignent. Nous ne pouvons pas mener un dialogue avec quelqu'un qui confond religion et politique, économie et culture. Pourquoi ? Parce qu'il prétend toujours détenir la vérité absolue. Quiconque sort la religion de son cadre arrive à l'état où se trouvait l'Europe à la pré-Renaissance, lorsque le pape vendait aux gens des indulgences, désignait des rois et en détrônait d'autres, parce qu'il croyait représenter la vérité. Personne ne représente la vérité.
La science nous prouve que quiconque croit détenir la vérité absolue a tort. Où en sommes-nous par rapport à cette époque ? Nous pouvons nous en sortir avec un Etat civil.
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Interviewer : Etes-vous
pour le boycott (d'Israël) ou pour le dialogue ?
Tareq Heggy
: Je suis pour le dialogue. Je sais qu'il est impopulaire de dire cela,
mais il est de mon devoir d'exprimer mon opinion clairement et honnêtement.
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Je peux comprendre que l'on dise qu'avant d'établir des relations ouvertes (avec Israël) sur tous les fronts - avec des festivals de films israéliens et en invitant des Israéliens
à la Foire du Livre (du Caire)
et d'avoir une coopération complète, tout comme avec Chypre et la
Turquie - le conflit israélo-palestinien doit être résolu. Je comprends
cette position mais elle ne s'applique pas à une situation où Dr.
Hala (Moustafa) rencontre l'ambassadeur israélien dans son bureau.
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Je suis convaincu que les pays arabes limitrophes à Israël ont le droit de refuser de commercer avec lui comme ils le font avec les autres pays, jusqu'à ce que le problème palestinien soit résolu. Mais on ne peut arriver à une situation où un rédacteur en chef ne peut rencontrer... C'est une forme de militarisation de la culture. Il est inconcevable qu'un intellectuel (égyptien) ne puisse rencontrer un auteur israélien. Et puis regardez comment on se moque des gens. Prenons l'intellectuel israélien (Amos) Oz, qui pourrait obtenir le prix Nobel cette année. Le Conseil supérieur de la culture décide de traduire ses écrits (en arabe) - mais pas de l'hébreu. Ils ont décidé de le faire à partir de la traduction anglaise. Qu'est-ce que c'est que cela ? Sommes-nous sérieux ? Vous vous moquez de vous-même ou des autres ? Vous dites que vous allez traduire Oz du français, et pas de l'hébreu ? En quoi c'est différent si vous traduisez ses écrits de l'hébreu ou du français ?