Ci-dessous des extraits
de propos tenus par le cheikh Adel Al-Kalbani, Imam de la mosquée
Haram de la Mecque, diffusés sur Al-Arabiya (Dubaï/Arabie saoudite)
et la BBC en arabe (Royaume-Uni) les 27 février et
5 mai 2009
Présentateur : Soutenez-vous
ceux qui accusent les chiites d'apostasie ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani,
Imam de la mosquée Haram de la Mecque :
En ce qui concerne les gens de la rue, cela est discutable. Mais leurs
oulémas sont à mon sens des apostats.
Présentateur : Tous
?
Le cheikh Adel Al-Kalbani :
En ce qui concerne les oulémas, oui.
[...]
Présentateur : Etes-vous
pour l'octroi de la liberté religieuse, de façon générale ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: Pour nous, la liberté a des limites. Permettriez-vous qu'une
mosquée soit construite au Vatican ?
Présentateur : Cheikh
Adel, le Vatican est le siège de l'Eglise papale, tandis que les lieux
saints en Arabie sont aux musulmans de toutes tendances. Au Vatican,
ils n'autorisent pas non plus la construction d'un temple protestant.
[...]
Présentateur : Où
les chrétiens peuvent-ils prier ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: Les chrétiens sont autorisés à prier chez eux. Nous n'avons
aucune objection à ce qu'ils prient chez eux. Mais que les cloches
sonnent sur la terre du Prophète Mahomet ? Voilà qui est contraire
aux instructions du Prophète. Les instructions du Prophète, que nous
observons, nous enjoignent : "Expulsez les juifs et les chrétiens
de la péninsule Arabique." Les expulser est certes la prérogative
du dirigeant, mais ils ne devraient pouvoir vivre ici que si leur présence
est essentielle.
Présentateur : Ce que
vous dites est contraire à l'esprit de dialogue interconfessionnel,
non ? Sur quelle base donc l'Arabie s'est-elle engagée au dialogue
interconfessionnel ? S'agit-il juste de dialoguer pour dialoguer ? N'est-ce
pas pour que chacun puisse obtenir ce à quoi il a droit ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: Si, mais dans les limites de la charia. Nous adoptons le
point de vue de la charia, pas un point de vue personnel.
[...]
Présentateur : Mais
ne pensez-vous pas qu'il devrait y avoir un dénominateur commun ? Les
limites de la charia, c'est la position des musulmans, mais pas
celle des chrétiens qui vivent en Arabie saoudite.
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: (Le chrétien) est venu en tant que visiteur. Il n'est pas citoyen.
S'il était citoyen... comment dit-on... citoyen chrétien, il y aurait
peut-être des raisons de discuter. Peut-être. Mais en principe, il
est visiteur, invité, sur place provisoirement, et ensuite il repart.
Il savait que telles étaient les règles avant de venir. Aucun visiteur
ne peut demander au pays d'accueil de changer ses règles.
Présentateur : Pas
de changer ses règles. Mais si vous, musulman, deviez visiter un pays,
ne souhaiteriez-vous pas y trouver une mosquée où prier, sans considération
de citoyenneté ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: En effet. Sans aucun doute. Mais Allah soit Loué, conformément
aux instructions du Prophète, "toute la Terre a été transformée
en mosquée et purifiée pour moi". C'est pourquoi un musulman
peut prier en tout lieu.
[...]
Présentateur : Vous
venez d'accuser les oulémas
chiites d'apostasie. Certains se demanderaient : si ce n'est pas là
du fanatisme, qu'est-ce que le fanatisme ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani : Il ne s'agit pas de fanatisme. A moins que ce ne soit du fanatisme pour ma religion. Dans ce cas, je ne peux nier être fanatique. Je crois personnellement que quiconque est conscient du statut d'Abou-Bakr, et pourtant le maudit et se rapproche d'Allah en le maudissant, en mettant les autres en garde contre lui, en le maudissant... Je ne peux appeler "musulman" un tel individu.
Quant aux gens du peuple, je peux accepter qu'ils soient mal guidés ou ignorants.
Mais quelqu'un qui connaît
le statut d'Abou-Bakr et pourtant l'accuse d'apostasie, niant qu'il
ait été compagnon de Mahomet, est incontestablement apostat, même
s'il est sunnite.
[...]
Présentateur : Soutenez-vous
les revendications des femmes en Arabie saoudite concernant certains
droits dont elles se sentent privées ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: Elles sont privées de certains droits, mais pas à cause du système
ni de l'islam, mais plutôt à cause de l'application des règles par
leurs maris ou parents.
Présentateur : L'Etat
et la société n'imposent-ils pas aussi des restrictions ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: Je ne pense pas que la société impose la moindre restriction
aux femmes. Nous avons une femme vice-ministre.
Présentateur : Les
femmes ont-elles le droit de conduire, ou la société les en empêche-t-elle
?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: Si tous les droits des femmes se limitaient à pouvoir conduire...
Présentateur : Ce n'est
qu'un exemple, cheikh Adel.
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: Il n'y a pas d'autre exemple de droits dont les femmes sont privées
en Arabie saoudite. Il y a des femmes employées de bureau, des femmes
médecins, des ouvrières.
[...]
J'ai eu une longue discussion
avec le cheikh Ibn Uthaymin au sujet du djihad. Nous en sommes
arrivés à la conclusion que quiconque se tue se suicide, même s'il
le fait pour nuire à l'ennemi. Les prétendues "opérations djihadistes"
sont, en fait, des attentats suicides. C'est mon avis, et Allah évaluera
ma position. Se tuer revient à se suicider. Qu'Allah pardonne ou pas
(au kamikaze) n'est pas de mon ressort. Mon décret est qu'une personne
qui se tue commet un suicide.
[...]
Je crois que ma nomination
à la tête de l'imamat (de la mosquée Haram) a une signification beaucoup
plus importante.
Présentateur :
Que l'élection d'Obama ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: A d'autres postes, il y a peut-être eu des (noirs) dans le passé,
mais m'avoir nommé à ce poste représente une décision courageuse.
Je pense qu'elle est plus significative que l'élection d'Obama.
Présentateur :
Dans quel sens ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: Elle participe à la démocratie, au monde.
Présentateur :
Mais il a été élu par un plus grand nombre de personnes (que vous).
Le cheikh Adel Al-Kalbani
: La mosquée Haram est le lieu de tous les musulmans.
Présentateur :
La mosquée Haram ?
Le cheikh Adel Al-Kalbani : Oui. Elle englobe plus de monde que la Maison Blanche qui, aussi importante soit-elle, se limite aux Américains.