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Dec 31, 1969
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Le journaliste progressiste saoudien Mansour Al-Nogaidan : La vraie réussite est de vivre, non de mourir, pour Allah

# | 06:57
Source: FRENCH CLIPS

Ci-dessous des extraits d'un entretien avec le chroniqueur saoudien Mansour Al-Nogaidan, diffusé sur Al-Arabiya le 11 décembre 2009.

Note : Takfir = accusation d'hérésie dirigée contre des individus, groupes, communautés, sociétés ou pays musulmans.


Présentateur : Vous dites que les victoires sécuritaires contre Al-Qaïda ne s'accompagnent pas de victoires idéologiques.

Mansour Al-Nogaidan :
Absolument. Bon nombre de personnes chargées de combattre ces idées saisissent mal quel est le problème, quand elles n'en font pas elles-mêmes partie.


Présentateur : Comment peuvent-elles faire partie du problème si elles sont censées le régler ?

Mansour Al-Nogaidan : Ces gens croient qu'il est possible de contenir l'idéologie du takfir et qu'il conviendrait de dissocier le takfir de l'Etat du takfir des individus ou des communautés. C'est là le problème. Plusieurs, parmi ceux qui étaient chargés de cette mission, ont émis des fatwas de takfir contre des individus, des communautés ou des groupes musulmans qui, à leurs yeux, ne sont pas croyants. C'est un gros problème. Aujourd'hui, en Arabie saoudite et dans le monde musulman en général, quand un religieux émet une fatwa de takfir, il ne fait pas qu'exprimer une opinion. Il incite au meurtre et à la violence.

Présentateur : Demandez-vous la fin de toutes les fatwas de takfir, quelles qu'en soient la cible ?


Mansour Al-Nogaidan : Oui.

[...]

Pour beaucoup, le takfir est une forme de liberté d'expression, mais c'est faux. Dans une société musulmane, le takfir d'un individu ou d'un groupe est une incitation à attaquer, tuer et verser le sang. Il s'agit d'un crime de droit commun, non de liberté d'expression.

Présentateur : Mais n'est-ce pas l'un des rôles du mufti de dire que tel acte constitue une hérésie et que tel individu a commis une hérésie ?

Mansour Al-Nogaidan : Non, ce n'est pas son rôle. L'unique rôle du mufti est d'orienter les gens vers ce dont ils ont besoin dans leur culte personnel de Dieu.

[...]

Si vous marchez en boitant et faites l'aveugle face au takfir, vous n'atteindrez pas vos objectifs.

Présentateur : Qu'est-ce que vous voulez dire par "marcher en boitant et faire l'aveugle" face aux idées de takfir ?

Mansour Al-Nogaidan : Vous ne pouvez pas parler d'éliminer les idées de takfir tant que les prédicateurs de mosquées et les enseignants y croient. C'est un gros problème en Arabie saoudite.

Présentateur : Vous pensez qu'il y a encore des gens qui...

Mansour Al-Nogaidan : En Arabie saoudite et ailleurs. Oui. Nous avons encore du chemin à faire pour l'éliminer.

Présentateur : Les gens qui croient en l'idéologie du takfir, en quoi se distinguent-ils d'Al-Qaïda ?

Mansour Al-Nogaidan : Il n'y a pas de différence. Il n'y a qu'une différence de mise en œuvre.

[...]

Il y a des musulmans et des non-musulmans, mais le takfir est-il une loi de l'islam ? Non, il ne l'est pas. Ce n'est pas l'affaire des musulmans aujourd'hui de porter un jugement sur la foi des gens.

[...]

Il existe des centaines de livres sur les lois et les règlements du takfir ; ils devraient tous être jetés à la poubelle. C'est l'une des catastrophes qui frappent les musulmans aujourd'hui.

[...]

Présentateur : En d'autres termes, vous voulez abolir toutes les lois de takfir.

Mansour Al-Nogaidan : Oui, et les musulmans doivent faire leur propre examen avant de regarder les autres.

[...]

Le problème des musulmans n'est pas qu'ils croient en Dieu, au Prophète et au Coran. Notre problème est lié à la façon dont nous traitons les autres et coexistons avec eux, qu'ils soient ou non musulmans.

Présentateur : Devons-nous changer notre religion pour plaire aux autres ?

Mansour Al-Nogaidan : Vous n'en serez pas moins musulman si on vous apprend que l'islam doit se fonder sur la tolérance, le respect d'autrui et le respect de sa religion. Vous n'aurez pas changé de religion. Vous serez un bon croyant.

[...]

Les musulmans traversent une crise, un sentiment de peur, d'échec et de frustration. Ils en sont venus à croire que notre violence contre le monde – nous jetons nos lances dans tous les sens – nous conduira à la victoire. Loin de nous apporter la victoire, elle est un aveu d'échec complet, car la véritable réussite ne réside pas dans le fait de mourir pour Allah, mais dans la vie pour Allah - vivre pour bâtir sa nation plutôt que mourir pour détruire le monde. Il n'y a plus aujourd'hui de djihad par l'épée, de djihad offensif ou de djihad contre les infidèles. Le monde actuel est régi par les droits de l'homme, les accords entre pays, la liberté de pensée, la liberté d'expression et la liberté de culte.

Présentateur : Mais n'y a-t-il pas de justice, ni d'injustice ?

Mansour Al-Nogaidan : Je parle de déclarer des guerres pour raisons religieuses. Cela doit cesser, car c'est un phénomène du passé.

Présentateur : Pour quelles raisons faut-il déclarer la guerre, alors ? S'il n'y a pas d'autre recours ?

Mansour Al-Nogaidan : Pour défendre son pays et résister à l'occupation. On peut comprendre. Mais je parle d'autre chose. Je parle de djihad religieux, de guerre sainte, qui incite les gens à attaquer, tuer, commettre des violations, sanctionner le meurtre et le pillage – contre des groupes, des individus, des Etats ou des sociétés – pour des raisons religieuses. Aujourd'hui, c'est une honte de parler de djihad de l'épée, ou de djihad offensif, ou de dire que dans les circonstances actuelles, les musulmans sont incapables de mener le djihad et qu'ils devraient donc se limiter au djihad défensif, et toutes ces sornettes.

Présentateur : Il n'y a aucune différence entre ces deux (types de djihad) ? Dire que le djihad, c'est le djihad défensif, pas offensif, c'est un peu comme de soutenir les deux formes de djihad.

Mansour Al-Nogaidan : Par extension, oui. Mais le problème principal reste le djihad contre les autres pour des raisons religieuses. Il doit prendre fin. Il ne suffit pas d'essayer de modérer ce djihad.

[...]

L'histoire expansionniste des musulmans n'est pas honteuse en soi. Chaque nation, chaque civilisation – les Grecs, les Romains – s'est fondée sur l'expansion. Cela est compréhensible. L'expansion musulmane de l'Extrême-Orient à l'Andalousie ne s'est pas faite que par la prédication de l'islam. D'énormes armées ont envahi des pays. C'est compréhensible. C'est notre histoire. Nous ne devrions pas en avoir honte, parce que c'est notre histoire. Mais nous parlons de la situation actuelle. Ce qui s'est passé et ce qui a été écrit par les instances religieuses aux 6ème, 7ème, 8ème, 10ème ou 11ème siècles de l'Hégire appartient au passé. Le monde et l'époque actuels sont totalement différents, et nous devons nous y adapter, afin de pouvoir coexister avec (autrui).

[...]

Présentateur : Vous avez écrit que les religions abrahamiques sont la source de la violence.

Mansour Al-Nogaidan : C'est vrai. Elles (prêchent) la violence et le meurtre à cause de la foi d'autrui. Une telle chose n'existe pas dans les autres religions. Cela n'existe pas dans le bouddhisme ou le confucianisme, par exemple. Les religions qui légalisent le meurtre d'autrui en raison de sa foi différente, sur la base de textes religieux qui y voient une expression de l'amour de Dieu – cela n'existe que dans les religions abrahamiques.

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