Dr Hala Moustafa, directrice de Démocratie, du journal Al-Ahram, évoque la normalisation avec Israël suite à sa rencontre avec l'ambassadeur d'Israël

Ci-dessous des extraits d'une interview du Dr Hala Moustafa, directrice de Démocratie, du journal Al-Ahram, diffusée sur Al-Mihwar (Egypte) le 30 sepetmebre 2009.

Interviewer : Dr Hala Moustafa, s'agissant du terme "normalisation", considérez-vous votre rencontre avec l'ambassadeur d'Israël dans votre bureau d'Al-Ahram comme un acte de normalisation ?       

Dr Hala Moustafa : Non.

Interviewer : Non ?

Dr Hala Moustafa : Non. Je trouve que c'est un mot lourd. J'espère que nous nous débarrasserons de ce mot, afin de pouvoir agir librement, au lieu de chercher les erreurs de l'autre et de nous juger mutuellement. Tant que nous appartiendrons à la communauté internationale et que nous nous efforcerons de faire partie des pays développés, nous devrons parler leur langage. C'est le premier pas, à mon avis. Il faut comprendre comment le monde fonctionne aujourd'hui, parce qu'on ne peut pas lui parler dans le langage d'il y a trente ans. On ne peut pas utiliser le discours politique d'il y a trente ans. Le monde se développe et change. Peut-être que si Israël a su progresser à l'étranger et que si la culture israélienne est mieux reconnue que la culture arabe, c'est parce qu'Israël parle le langage de la communauté internationale. Je ne parle pas des guerres. C'est un autre sujet. Mais comme système culturel, Israël fait partie du monde occidental.

Interviewer : (Les Israéliens) sont mieux intégrés  dans le système international ?

Dr Hala Moustafa : Absolument. Ils parlent le même langage et savent comment les convaincre. 

Interviewer : Ils sont habiles pour obtenir un soutien matériel, politique ou moral. 

Dr Hala Moustafa : Assurément. Leur plus grande réussite est leur façon de décrire la partie adverse - les Arabes - comme des extrémistes armés qui crient et prennent des décisions hystériques. Cette image est devenue un stéréotype, à l'instar de l'après 11/09, quand l'image du musulman est devenue un cliché négatif. Mais certains disent que la normalisation, au sens traditionnel du terme - rencontrer des responsables (israéliens), aller à des spectacles (israéliens), à des festivals, visiter Jérusalem, sans reconnaissance des doits légitimes des Palestiniens, serait renoncer à une carte majeure. Cette carte n'est pas la même en tous temps. L'opposition à la normalisation était jadis une carte à jouer. Nous l'avons utilisée pendant les vingt à trente ans passés. Faut-il encore s'en servir aujourd'hui ? Et le fait qu'elle ait été utilisée pendant si longtemps a-t-il empêché les terribles guerres du Sud Liban et de Gaza, l'Intifada et les problèmes consécutifs avec le Hamas ? Ce boycott, ou cette "carte", ont-ils vraiment changé quelque chose à la conduite ou la politique israélienne ? Et si oui, en quoi ? Ont-ils conduit les Etats-Unis à prendre partie pour le monde arabe, par exemple ?